Sans titres ; Un verre froid sur la table. Je regardais légèrement intrigué mon chat blanc. C'était un beau chat blanc. Je me souviens que Papa et Maman avaient mis le prix sur un chat de race. Néanmoins, cela ne l'éxemptait pas d'être aussi débile que tous les autres chats, et Félix attaquait donc, furtivement, son propre reflet sur le miroir. Ayant alors comprit la préoccupation de l'animal, la curiosité disparu de mon regard, et devint las. Le chat était prêt à bondir pour attraper le doppelganger qui allait, lui aussi, jaillir de derrière le miroir. Il sauta, et se calma. Le félin avait brusquement changé, dans un grand silence, sa démence en une sagesse, presque comme si il en était un autre qui était sorti de derrière le miroir, un autre félin plus éduqué, plus savant. Il glissa alors tranquillement en dehors de ce monde. Mon œil ne saisit la scène qu'à l'instant où elle prit fin : Félix s'était faufilé dans la fine entrouverture d'une porte à côté du miroir. Dans ce moment de lucidité, je rabaissai mes yeux sur mon breuvage. Sur le reflet, mon café me regardait bizarrement. J'avalai le café en deux grandes gorgées. Le nuage traversait paisiblement le ciel gris, et je me levai promptement du canapé, laissant la tasse seule sur l'accoudoir. "Plus de temps à perdre" me suis-je dit, ou me suis dit-je. J'ouvris la fenêtre et bondi sur le trottoir Il était gris et fait de bitume, comme de la pierre que l'on aurait mit en poussière pour ensuite en faire une sorte de pâte qui elle-même aurait séché. Peut être que c'était le monde qui avait glissé en dehors du chat ?